Maladies du gazon

maladies du gazon

L’entretien d’un gazon sain et esthétique représente un véritable défi pour de nombreux jardiniers et professionnels. Au-delà des soins réguliers comme l’arrosage et la tonte, un aspect important de cet entretien est la gestion des maladies. Ces maladies, souvent causées par des champignons, peuvent rapidement compromettre la santé et l’apparence de votre pelouse. Découvrons comment les identifier et quelles mesures préventives prendre pour lutter contre ces maladies.

Maladie du fil rouge

La maladie du fil rouge, causée par les champignons Laetisaria fuciformis et Liminomyces roseipellis, est une affection courante des gazons. Touchant principalement le feuillage, cette maladie affecte toutes les étapes de développement du gazon et est également nuisible à toutes les Poacées (graminées).

Symptômes et dégâts

Le premier signe de la maladie du fil rouge se manifeste par des taches d’abord jaunâtres, puis blanchâtres à brunes, et finalement roses à rouges, pouvant mesurer environ 30 cm de diamètre. Ces taches indiquent un séchage et une décoloration commençant par la pointe des herbes. 

Par temps humide, on peut observer des filaments ou des amas muqueux rouges, qui sont en réalité le mycélium du champignon. Bien que les dommages soient principalement esthétiques, ils peuvent considérablement altérer l’apparence du gazon.

Conditions favorables et période à risque

Cette maladie prospère dans des conditions d’humidité élevée, comme le brouillard ou la rosée, et est plus fréquente sur les gazons stressés par une alimentation insuffisante, particulièrement en azote. Les plantes affaiblies sont aussi plus susceptibles. Bien que la maladie puisse apparaître à tout moment de l’année, elle est plus prévalente en été et peut se développer du printemps à l’automne. Les températures entre 16 et 22 °C favorisent sa propagation.

Stratégies de prévention et de traitement

Pour prévenir et traiter la maladie du fil rouge, il est surtout important d’adopter les bonnes pratiques de culture :

  • Équilibrer les apports en engrais : Un accent particulier doit être mis sur l’azote.
  • Sélectionner le bon type de gazon : Il est conseillé d’utiliser un mélange varié de graines plutôt que des espèces monospécifiques.
  • Maintenir une hauteur de coupe appropriée : Une hauteur de 8 à 10 cm est recommandée. Les tontes trop courtes doivent être évitées.
  • Adapter l’arrosage : Il est préférable d’arroser abondamment le matin, mais moins fréquemment.
  • Nettoyer le matériel de tonte : Ceci est crucial pour prévenir une infection généralisée.
  • Scarifier le gazon : Idéalement, cela devrait être fait au printemps (mars/avril) ou en automne (septembre/octobre).

Rouille du gazon

La rouille du gazon est une maladie fongique principalement causée par les champignons Puccinia spp. et Uromyces spp. Cette affection se manifeste sur différentes graminées, impactant leur apparence et leur santé.

Conditions et période à risque

La période la plus propice pour le développement de cette maladie s’étend de mai à octobre, bien qu’elle puisse apparaître à tout moment de l’année. Les conditions favorables incluent un temps humide, une faible luminosité, des températures entre 16 et 22 ºC, et une humidité élevée. La maladie prospère également dans des conditions météorologiques variées, alternant entre le frais et humide puis le chaud et sec.

Symptômes et dégâts

Le gazon atteint par la rouille se reconnaît à distance par son jaunissement progressif avant de rougir. De plus près, des pustules jaune-orange ou brunes sont visibles.

L’aspect esthétique du gazon est fortement altéré. Les graminées deviennent plus faibles et plus vulnérables aux insectes, mauvaises herbes et autres maladies.

Prévention et lutte

Pour prévenir et combattre la rouille du gazon, il est conseillé d’adapter les pratiques culturales suivantes : 

  • Réduire l’arrosage pour limiter l’humidité prolongée
  • Fertiliser adéquatement, aérer le sol
  • Ajuster la hauteur et la fréquence de tonte, et tailler les arbustes pour augmenter l’exposition à la lumière sont des mesures efficaces. 
  • Arroser tôt le matin peut aussi aider à réduire l’humidité des feuilles. 

Il est également judicieux de favoriser les prairies composées de variétés moins sensibles aux rouilles.

Pour ce qui est de la lutte biologique, beaucoup conseillent la décoction de prêle en prévention.

Fusariose

La fusariose du gazon se décline en deux variantes : la fusariose froide et la fusariose estivale. 

Fusariose froide

La fusariose froide se manifeste par des taches, souvent auréolées de brun ou gris. Ces taches peuvent fusionner et se propager rapidement. Elles affectent alors de grandes zones du gazon. Active principalement d’octobre à avril, cette maladie se dissémine via le matériel d’entretien, la tonte, le piétinement, les éclaboussures et les eaux de ruissellement.

Elle prospère dans des conditions d’humidité prolongée et de températures fraîches (inférieures à 15 °C). Les sols mal aérés, avec un pH neutre ou alcalin, sont particulièrement à risque. Un gazon fragilisé, manquant d’éclairement ou couvert de neige, est également vulnérable, tout comme un déséquilibre en fertilisation, notamment un excès d’azote ammoniacal.

Fusariose estivale

La fusariose estivale se distingue par des taches circulaires de couleur jaune paille, parfois accompagnées de mycélium rose. Ces taches peuvent se régénérer à partir du centre. Elle apparaît typiquement en été, favorisée par les hautes températures, la sécheresse, un arrosage excessif et une humidité élevée.

Les sols tassés avec eau résiduelle sont particulièrement exposés. Le stress dû à la sécheresse, un arrosage excessif ou une humidité de l’air élevée, ainsi qu’un feutre du gazon important, sont des facteurs aggravants. Un pH inférieur à 5 ou supérieur à 7 et une fertilisation déséquilibrée, notamment un manque de potassium, augmentent les risques.

Maladie des ronds de sorcière

La maladie des ronds de sorcière affectent les gazons d’ornement et de sport. Elle est causée par le mycélium du champignon Marasmus oreades. Elle se caractérise par la formation de cercles verts foncés sur le gazon, bordés de champignons à chapeau, et le dépérissement des graminées à l’intérieur des cercles ou d’anneaux, d’où son nom.

Causes et conditions favorables

Cette maladie s’étend en formant un cercle dans le sol, souvent profondément. Les périodes d’infestation peuvent survenir tout au long de l’année. Parmi les conditions favorables, on note les sols mal structurés, une irrigation insuffisante du gazon, la présence de feutre sur le gazon et des supports sableux. 

Le mycélium de Marasmus oreades se dissémine via les semelles de chaussures ou le matériel d’entretien, ainsi que par les basidiospores libérées par les carpophores.

Symptômes et dégâts

Les symptômes sont facilement identifiables par l’observation de cercles vert foncé sur le gazon et des champignons à chapeau qui peuvent border ces cercles. À l’intérieur de ces anneaux, nous remarquons des graminées naines ou dévitalisées et parfois un sol qui se dénude. Les dégâts se traduisent par des zones sèches et imperméables, qui nuisent à l’esthétique et à la santé du gazon.

Solutions de lutte

Pour prévenir et lutter contre cette maladie, il est conseillé : 

  • d’améliorer la fertilité du sol
  • d’aérer profondément
  • d’irriguer régulièrement le gazon.

Il faut aussi autant que faire se peut stimuler l’activité microbienne du sol, neutraliser l’acidité du sol, remplacer le sol affecté et lutter contre le feutrage par des méthodes comme la scarification, l’aération et le sablage.

Bien qu’il n’existe pas de protection totalement efficace contre les ronds de sorcière, un entretien rigoureux du gazon peut grandement réduire les risques d’apparition ou de propagation des dommages.

Helminthosporiose

Maladie cryptogamique, L’Helminthosporiose n’est pas la bienvenue sur nos pelouses. Les champignons responsables s’attaquent principalement aux graminées, aux céréales, et même à certaines plantes succulentes. Un véritable fléau pour votre pelouse !

Les conditions favorisant la maladie

Plusieurs causes peuvent encourager son développement : une surfertilisation en azote, une humidité élevée avec des températures douces entre 15-22°C, et pour couronner le tout, des zones trop ombragées et une tonte trop ras.

Symptômes et dégâts

Votre gazon commence à montrer des taches brun-rougeâtre sur la face inférieure des feuilles, prenant une forme ovale ? Attention, l’Helminthosporiose est peut-être à l’œuvre ! Ces taches changent de couleur, avec un centre brun clair ou jaune entouré de bords foncés. Et si vous remarquez une apparence mouillée des feuilles, c’est le sûrement le signe qu’elle est belle et bien présente. Le résultat ? Une pourriture des racines et des couronnes, transformant votre belle pelouse en un triste spectacle.

Comment prévenir l’helminthosporiose ?

Alors, comment éviter d’inviter ces champignons indésirables ? Tout d’abord, abandonnez l’idée d’une tonte rase – votre gazon n’apprécie pas ce stress. Ensuite, n’hésitez pas à tailler les arbres et arbustes à proximité pour réduire les zones d’ombre. N’oubliez pas d’améliorer l’aération du sol. 

Et pour l’azote, modérez vos envies, surtout au printemps.

Malheureusement, les traitements biologiques jouent les timides dans ce cas. Le mieux est de retirer les plants atteints pour éviter la propagation. Pour restructurer la terre, pensez aux engrais verts. Un peu de prévention vaut mieux qu’une longue lutte !

Pour finir sur une note positive, adoptez ces bonnes pratiques : des arrosages matinaux pour éviter la stagnation de l’eau et une désinfection régulière de votre matériel de jardinage après chaque utilisation sur des plantes infectées. Votre gazon vous remerciera !

Anthracnose du gazon

L’anthracnose du gazon, causée par le pathogène Colletotrichum graminicola, est une maladie fréquente dans les gazons affaiblis. Cette affection touche majoritairement des pelouses soumises à un stress environnemental ou mal entretenues.

Symptômes et dégâts

Les signes de l’anthracnose sur le gazon sont les suivants :

  • Décoloration : Le feuillage présente une teinte jaunâtre.
  • Changement de vouleur à la base des plants : Passant du jaune au brun rougeâtre.
  • Excroissances noires sur les tiges 
  • Affaiblissement du gazon
  • Pourriture des racines : Potentiellement, en cas d’infection grave.

Conditions favorables à l’anthracnose

L’anthracnose du gazon se développe dans des environnements caractérisés par des températures élevées, souvent supérieures à 26 °C, accompagnées d’une humidité élevée de l’air

Une tonte inappropriée, notamment un gazon coupé trop court, augmente également le risque de cette maladie. Les sols secs et compactés, particulièrement ceux déficients en azote, phosphore et potassium, favorisent son apparition. 

Prévention et pratiques culturales

Pour prévenir l’anthracnose, il est recommandé d’équilibrer les fumures et les arrosages afin d’éviter les carences en nutriments essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium.

 Il est par ailleurs conseillé de maintenir une hauteur de tonte supérieure à 5 cm pour réduire le stress du gazon. 

Aérer le sol régulièrement permet de diminuer son compactage.

Améliorer la circulation de l’air et diminuer l’ombrage autour de la pelouse sont aussi des mesures préventives efficaces. 

L’irrigation devrait être gérée de façon à éviter que la pelouse reste humide durant la nuit, en évitant d’arroser tard l’après-midi et le soir. Il est aussi préférable de ne pas tondre le gazon lorsqu’il est mouillé et de veiller à une irrigation suffisante durant les périodes de fortes chaleurs, avec des températures atteignant 28–30 °C, pour rafraîchir la pelouse.

Black Layer

Le Black Layer ou couche noire est un phénomène qui résulte d’un manque d’oxygène et d’une surpopulation de feutre dans le sol. Elle se caractérise par l’apparition de couches noires sur les gazons, formées par la réaction chimique entre le sulfure d’hydrogène – produit par des bactéries anaérobies – et des éléments métalliques comme le fer. Cette réaction entraine une toxicité pour les racines des plantes.

Causes et conditions favorables

Le Black Layer apparaît surtout dans les sols mal oxygénés, où l’eau remplace l’air essentiel au bon développement des racines.

Une teneur élevée en fer dans le sol accentue aussi le risque de formation du Black Layer.

La superposition de couches telles que le feutre et le sablage étouffe le sol, ce qui a pour résultat de créer un environnement propice au développement de cette maladie.

Symptômes et dégâts

Les dégâts suivants sont observés : 

  • Détérioration des racines : Les racines du gazon ne parviennent pas à assimiler les minéraux essentiels, affectant leur croissance.
  • Décoloration : La pelouse perd sa couleur verte, virant au jaune ou bronze, signe d’un état avancé de la maladie.

Une fois le Black Layer installé, il devient difficile de restaurer l’état initial de la pelouse.

Stratégies de prévention et de gestion

Dans la lutte contre le Black Layer, il s’avère primordial de traiter la cause du problème plutôt que de se concentrer uniquement sur les symptômes. Assurer un bon drainage du sol est une étape clé pour éviter l’accumulation d’eau et l’asphyxie du gazon. 

Un aspect souvent négligé est le ramassage régulier des déchets de tonte, qui aide à prévenir la formation de feutre, un facteur contribuant au Black Layer.

Par ailleurs, l’amélioration de l’aération du sol par sa décompaction facilite la pénétration de l’air et favorise la santé des racines. De même, défeutrer la pelouse pendant sa période de croissance s’avére bénéfique pour éviter l’accumulation de couches nuisibles.

L’utilisation d’un agent mouillant pénétrant pour améliorer la circulation de l’eau dans la zone racinaire est une autre stratégie efficace. 

L’adaptation de la fertilisation, en privilégiant par exemple les engrais liquides foliaires, peut contribuer à réduire la formation de feutre, un élément clé dans la prévention du Black Layer.

Fonte des semis (pythium)

La fonte des semis, connue sous le nom de Pythium du gazon, est une maladie fongique. Elle attaque principalement les jeunes pousses de gazon, provoquant leur pourrissement et leur mort.

Conditions favorables

Les températures élevées, au-delà de 25°C jour et nuit, conjuguées à une forte humidité, surtout lors de journées pluvieuses, créent un environnement idéal pour le Pythium. Les sols humides et mal drainés, ainsi que les problèmes d’infiltration d’eau, aggravent le risque.

Une utilisation excessive d’azote durant des périodes chaudes et humides, la présence d’une couche de feutre importante dans le gazon, et le regarnissage pendant des périodes chaudes contribuent également à la propagation de la maladie.

Symptômes

L’infection commence par de petites plaques d’environ 4 – 5  cm, qui s’agrandissent progressivement. Le matin, le feuillage peut apparaître trempé, s’effondrer et présenter des masses cotonneuses de mycélium blanc. Ces symptômes disparaissent après le séchage de la rosée, laissant le feuillage infecté brun rougeâtre.

Mesures de prévention

Pour prévenir la maladie, il est conseillé de limiter l’apport d’azote pendant les périodes chaudes, de baser la fertilisation sur une analyse de sol tout en maintenant un pH de 6-6.5, et d’éviter la tonte sur gazon humide. Un bon drainage et une infiltration adéquate de l’eau dans le sol sont essentiels. 

Le défeutrage et l’aération du sol sont également recommandés, tout comme une irrigation modérée, en évitant d’arroser en soirée et privilégiant le matin.

Dollar spot

Le Dollar Spot est une affection fongique des gazons, provoquée par le champignon Sclerotinia Homoeocarpa. Cette pathologie touche principalement les gazons d’ornement, ainsi que les terrains de golf et sportifs.

Dégâts

Les principaux signes de cette maladie se manifestent par des lésions circulaires de quelques centimètres sur le gazon, qui prend un aspect sec et blanchi, accompagné de feuilles bronzées.

Conditions favorables

La maladie du dollar spot se développe idéalement dans des conditions de températures comprises entre 20°C et 30°C, associées à une hygrométrie élevée. L’humidité persistante, en particulier durant les nuits fraîches, ainsi que les zones peu ventilées avec des sols déficitaires en azote, phosphore et potassium (NPK), sont autant de facteurs favorisants.

Stratégies de prévention et de traitement

Pour lutter contre le Dollar Spot, une approche combinée est recommandée. Elle inclut des pratiques agronomiques préventives telles que le maintien d’un sol biologiquement actif, l’utilisation de pratiques mécaniques pour limiter le feutrage, l’adoption de variétés de semences résistantes, une fertilisation azotée équilibrée et la biostimulation pour améliorer la vigueur de la plante.

En parallèle, des mesures curatives comprennent l’emploi de fongicides homologués, l’application de solutions naturelles, un contrôle rigoureux de l’humidité de surface et une gestion adaptée de l’arrosage.

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