Vous cultivez des haricots dans votre potager et, comme tout jardinier, vous souhaitez les voir prospérer. Mais voilà, la graisse du haricot, cette maladie bactérienne, peut compromettre vos récoltes. Pas de panique, il existe des solutions pour comprendre et prévenir cette menace. Voyons ensemble comment reconnaître cette maladie et surtout, comment préserver vos plants.
Qu’est-ce que la graisse du haricot ?
La graisse du haricot est une maladie bactérienne qui touche principalement le haricot commun (Phaseolus vulgaris), mais elle peut également s’attaquer à d’autres légumineuses comme le soja, la fève, et même certaines plantes telles que l’artichaut. Les symptômes peuvent apparaître dès le printemps et se prolonger jusqu’à l’automne.
Cette maladie est en réalité causée par deux bactéries différentes :
- Pseudomonas savastanoi pv. phaseolicola, responsable de la graisse à halo.
- Xanthomonas axonopodis pv. phaseoli, qui cause la graisse commune.
Comment se développe la maladie de la graisse du halo ?
Deux agents pathogènes principaux sont responsables de cette maladie : Pseudomonas savastanoi pv. phaseolicola et Xanthomonas axonopodis pv. phaseoli. Chacune d’elles possède des caractéristiques propres qui influencent la manière dont la maladie se manifeste.
Pseudomonas savastanoi pv. phaseolicola
Cette bactérie est responsable de la forme de graisse à halo qui affecte le haricot commun. Elle est capable de persister dans les graines, où elle reste inactive jusqu’à la germination. Une fois que la plante commence à se développer, la bactérie entre en activité, encouragée par des températures inférieures à 25°C. Elle profite des conditions humides pour pénétrer dans la plante via les stomates, ces petites ouvertures naturelles des feuilles, ou à travers des blessures causées par des interventions culturales ou des événements naturels.
Son cycle de développement est rapide, et sous des conditions idéales, elle se propage efficacement par les éclaboussures de pluie ou l’irrigation. Chaque goutte d’eau qui touche une feuille infectée peut devenir un vecteur de dissémination, contaminant d’autres parties de la plante ou d’autres plants à proximité.
Xanthomonas axonopodis pv. phaseoli
Contrairement à Pseudomonas savastanoi, Xanthomonas axonopodis préfère des températures plus élevées, avoisinant les 28°C, pour se développer. Cette bactérie peut survivre plusieurs années dans le sol, en se nichant dans les débris végétaux laissés après la récolte. C’est ainsi qu’elle peut réapparaître au printemps suivant, infectant de nouvelles cultures dès la germination des graines.
Elle pénètre dans la plante par les stomates ou par des blessures sur les feuilles et les tiges, puis vient coloniser le système vasculaire. Ses moyens de dissémination sont similaires à ceux de Pseudomonas savastanoi, puisque la pluie et l’arrosage par aspersion permettent à la bactérie de se répandre rapidement à travers le champ ou potager.
Quelles sont les conditions favorables à sa propagation ?
Comme nous l’avons vu, certaines conditions climatiques et pratiques culturales favorisent le développement de la graisse du haricot. La pluie, surtout lorsqu’elle est associée au vent, facilite la dissémination des bactéries.
De plus, un excès de potassium ou de phosphore dans le sol peut rendre les plants encore plus vulnérables aux attaques bactériennes.
- Pseudomonas savastanoi préfère les climats frais et humides.
- Xanthomonas axonopodis se développe avec des températures plus élevées, autour de 28°C, et résiste au froid hivernal en se réfugiant dans les débris de cultures laissés sur le sol.
Quels sont les symptômes de la graisse du halo ?
La graisse du haricot provoque des symptômes distincts selon la bactérie responsable de l’infection et les parties de la plante affectées. Il est important de bien les reconnaître pour intervenir au plus vite et limiter les dégâts sur vos cultures.
Sur les feuilles
Les premiers signes de la maladie apparaissent généralement sur les feuilles :
- Pseudomonas savastanoi pv. phaseolicola : elles présentent de petites nécroses huileuses et humides, entourées d’un halo vert pâle. Cette décoloration ressemble souvent à une chlorose, une maladie courante qui cause le jaunissement des feuilles.
- Xanthomonas axonopodis pv. phaseoli : il est observé des taches nécrotiques brunâtres et irrégulières, bordées d’un halo jaune vif. Ces taches évoluent avec le temps, donnant aux feuilles un aspect brûlé. On observe aussi un rougissement des nervures. Dans les cas les plus graves, la plante peut perdre ses feuilles.
Sur les tiges
Les tiges des plants de haricot peuvent également être touchées :
- Pseudomonas savastanoi pv. phaseolicola : l’infection se manifeste par des taches graisseuses sur les tiges, qui s’étendent au fil du temps.
- Xanthomonas axonopodis pv. phaseoli : ici, des bandes longitudinales rougeâtres apparaissent sur les tiges, et celles-ci peuvent finir par se fendre. Ces fissures libèrent un exsudat jaune, signe de l’activité bactérienne au sein de la plante.
Sur les gousses
Les gousses des haricots ne sont pas épargnées par la maladie :
- Pseudomonas savastanoi pv. phaseolicola : on observe l’apparition de taches graisseuses qui sécrètent un exsudat blanc crème ou argenté, donnant aux gousses un aspect anormal.
- Xanthomonas axonopodis pv. phaseoli : les taches graisseuses sur les gousses sont plus irrégulières, avec un contour brun rouille. En cas d’attaque sévère, ces taches peuvent également libérer un exsudat jaune.
Conséquences sur les haricots
Lorsque l’infection devient trop avancée, elle affecte l’ensemble de la plante. Les plants peuvent montrer un retard de croissance marqué, des déformations et, dans les cas les plus extrêmes, une mort prématurée. De plus, les exsudats libérés par les tiges et les gousses contaminent facilement les plantes voisines, accélérant la propagation de la maladie.
Comment prévenir la graisse du haricot ?
Heureusement, il existe des mesures simples pour protéger vos culture de haricots :
- Utilisez des semences saines et certifiées pour éviter d’introduire la maladie dès le début.
- Plantez des variétés résistantes qui offrent une meilleure tolérance aux attaques bactériennes.
- Pratiquez la rotation des cultures, en espaçant la culture de haricots sur un même sol pendant 3 à 4 ans.
- Surveillez vos plants régulièrement, surtout en période humide, pour repérer les premiers symptômes.
- Limitez les arrosages par aspersion et privilégiez un système de goutte-à-goutte afin de ne pas mouiller le feuillage.
- Désinfectez vos outils après chaque utilisation pour éviter de propager les bactéries d’un plant à l’autre.
Que faire en cas d’infection ?
Malheureusement, une fois que la graisse du haricot est installée, il n’existe pas de traitement curatif. Si vous remarquez les symptômes, la meilleure option reste d’arracher les plants atteints et de les éliminer pour éviter toute propagation. Limitez également les arrosages sur feuillage, qui peuvent aggraver la situation et favoriser la dispersion des bactéries.
Avec une bonne prévention et une surveillance attentive, vous pouvez protéger vos haricots de cette maladie tenace.