Virus de la tristeza des agrumes : une maladie grave des agrumes

Les agrumes, fruits emblématiques de nos vergers et de nos cuisines, sont menacés par une maladie aux effets dévastateurs : le virus de la tristeza, également connu sous le nom de Citrus tristeza virus (CTV). Ce virus est l’une des maladies les plus graves des agrumes ; il frappe notamment les citronniers, orangers, pamplemoussiers et bien d’autres variétés, causant des ravages économiques et biologiques majeurs dans les régions de production d’agrumes. Mais comment se manifeste-t-il, où sévit-il et quelles sont les méthodes de lutte ?

Qu’est-ce que le Virus de la tristeza des agrumes ?

Le Citrus tristeza virus (CTV), ou Closterovirus tristezae, est un virus phytopathogène qui affecte majoritairement les agrumes. Originaire d’Amérique du Sud, il a notamment sévit dans les années 1930, période durant laquelle il entraîna la perte massive d’arbres et d’innombrables hectares de plantations. Le terme « tristeza » signifie tristesse en espagnol et portugais, reflet du désastre qu’il a provoqué. Depuis, ce virus continue de se répandre à travers le monde, compromettant la production de fruits et menaçant la vitalité des vergers.

Quelles sont les zones géographiques touchées ?

Le CTV s’est progressivement installé dans toutes les régions productrices d’agrumes. Sa présence est observée sur tous les continents : en Asie, en Afrique, en Europe, en Océanie et dans les Amériques. 

Il est présent dans les zones tropicales et méditerranéennes comme la Turquie, Israël, l’Algérie, l’Espagne et l’Italie, mais aussi au Brésil, aux États-Unis (Californie), et dans les îles de l’océan Indien telles que Madagascar et Maurice. En France, on le retrouve dans les départements d’outre-mer, notamment en Guyane, en Guadeloupe, en Martinique, et dans des territoires du Pacifique comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.

Quelles sont les plantes affectéespar le viruse de la tristeza ?

Le virus de la tristeza affecte principalement les agrumes (Citrus), tels que les orangers, citronniers, pamplemoussiers et mandariniers. Outre les Citrus, d’autres membres de la famille des Rutaceae peuvent également être touchés, comme les kumquats (Fortunella).

Un impact économique important

Les conséquences du CTV dépassent largement le simple domaine agricole : des millions d’arbres ont été détruits. Des régions comme la Californie ont été gravement touchées, forçant les producteurs à déplacer leurs exploitations et à repenser leurs méthodes de culture.

Comment se transmet et se propager le Virus de la tristeza des agrumes ?

Le virus de la tristeza est majoritairement transmis par des pucerons, notamment les espèces Aphis gossypii (puceron du cotonnier), Aphis spiraecola (puceron vert des agrumes), Toxoptera aurantii (puceron noir de l’oranger), et surtout Toxoptera citricida (puceron brun des agrumes), considéré comme le vecteur principal du virus. 

Les pucerons contractent le virus lorsqu’ils se nourrissent de plantes infectées et peuvent le transmettre à d’autres arbres pendant plusieurs heures.

La transmission peut aussi se faire par greffage et par la plantation de plants ou greffons infectés. Historiquement, les agrumes étaient importés sous forme de graines, une méthode qui limitait la transmission des maladies. Cependant, avec l’intensification des échanges commerciaux et l’amélioration des moyens de transport, des plants entiers et des greffons ont commencé à circuler mondialement, rendant ainsi le virus plus difficile à contenir.

Les conditions climatiques ont un impact non négligeable dans la multiplication et la virulence du virus. Les températures au-dessus de 18°C, typiques des régions tropicales et méditerranéennes, favorisent la multiplication du virus.

Quels sont les symptômes de la maladie ?

Le CTV affecte principalement les feuilles, la tige et le tronc des agrumes, provoquant divers symptômes :

• Dépérissement rapide : de nombreux arbres perdent leurs feuilles, s’affaiblissent et dépérissent rapidement, un phénomène souvent qualifié de « quick decline ».
• Tronc et branches : les arbres touchés présentent des marques et stries sous l’écorce, ainsi que des bosses visibles, signes de « stem pitting ».
• Jeunes plants : ils subissent un jaunissement temporaire, appelé « seedling yellows », et un dépérissement des branches, notamment chez les bigaradiers, citronniers et pamplemoussiers.
• Feuilles : des nervures jaunes pâles apparaissent sur les feuilles.
• Fruits : ils sont plus petits et murissent précocement, compromettant leur qualité commerciale.

Quelles méthodes de protection contre le CTV ?

La lutte contre le virus de la tristeza repose sur des actions préventives et curatives. Voici quelques méthodes de protection recommandées :

• Utiliser des plants certifiés et des porte-greffes tolérants : choisir des plants sains est la première étape pour éviter la propagation du virus.
• Élimination des arbres infectés : en cas de forte infestation, pour limiter la propagation, il est recommandé d’abattre et de détruire les arbres contaminés. Cette action doit idéalement être réalisée par des professionnels pour garantir l’efficacité de l’éradication.
• Contrôle des populations de pucerons : réguler les populations de pucerons, surtout lors des périodes de croissance active, permet de limiter la transmission.
• Utilisation de greffons sains : le micro-greffage de méristèmes est une technique efficace pour obtenir du matériel végétal exempt de virus.
• Désinfection des outils : la propreté des outils de taille réduit les risques de transmission, un geste simple mais essentiel.