Véritable fléau, la réputation du charançon rouge du palmier n’est malheureusement plus à faire. Cet insecte coléoptère, originaire d’Asie du Sud Est, s’est propagé dans une partie du monde, causant des dégâts importants sur les palmiers et palmeraies à plusieurs endroits de la planète. L’Europe n’y échappe pas, sa présence en France métropolitaine a été détectée pour la première fois en 2006 dans le département du Var. Il a depuis gagné d’autres départements et continue de sévir. À tel point qu’il est d’ailleurs classé comme danger sanitaire de catégorie 1 par le ministère de l’Agriculture.
Partons à la découverte de ce coléoptère pour mieux connaître ce nuisible, savoir comment l’identifier et reconnaître ses dégâts, ainsi que découvrir des méthodes de prévention et de lutte biologique.
Description du charançon du palmier
| Nom commun | charançon du palmier, charançon rouge des palmiers |
| Nom scientifique | Rhynchophorus ferrugineus |
| Ordre | Coléoptère |
| Famille | Dryophthoridae |
| Sous-famille | Rhynchophorinae |
| Origine | Inde, Asie du Sud Est et Mélanésie |
| Plantes hôtes | Arecaceae (palmiers) |
L’adulte
Rhynchophorus ferrugineus est un insecte coléoptère d’une taille relativement importante.
L’adulte possède un corps de couleur rouge brun orangé sur sa face supérieure, parcourue de quelques points et stries noir La face inférieure est plus foncé voir noire. Plus long que large, il mesure de 3 à 4 cm de longueur. Il est doté d’un rostre allongé, avec des yeux de chaque côté. Les mâles et femelles sont 6 pattes et des ailes puissantes. Ce sont ces ailes qui lui permettent d’effectuer des vols sur de très longues distances. Notons que le charançon adulte a une activité nocturne et qu’il se déplacera principalement la nuit.
La larve
La larve du charançon peut mesurer jusqu’à 5 cm. Elle possède un corps large, de couleur crème, avec à sa tête une capsule céphalique de coloris brun. Elle est dotée de mandibules redoutables, lui permettant de creuser des tunnels dans les différentes parties du palmier et d’encourager sa voracité.
Cycle de vie du charançon
Le cycle de vie du charançon du palmier est de trois à quatre mois. Sur une année, c’est jusqu’à quatre générations qui peuvent se chevaucher et se succéder.
La femelle pond de 200 à 300 œufs dans le palmier, soit dans le tronc (stipe) ou à la base des feuilles (palmes). Elle se sert de son rostre pour percer des trous dans les tissus du palmier afin d’y déposer ses œufs. Elle peut aussi profiter de blessures, plaies ou fissures de la plante pour réaliser la ponte.
Les œufs sont de forme ovale, blancs, mesurant de 1 à 2,5 mm. L’éclosion a lieu entre 3 et 5 jours après la ponte. Elle donne naissance à des larves polyphages qui se nourrissent des fibres et tissus du palmier, creusent des galeries à l’intérieur de la plante où elles grandissent petit à petit. La durée du stade larvaire varie, de 1,5 à 4 mois.
Après plusieurs semaines de développement, la larve quitte ses galeries pour se nymphoser dans des sortes de cocons composées de fibres sèches de palmier. Ce sont d’ici que sortiront les nouveaux adultes du charançon rouge du palmier. Le stade nymphal dure deux à trois semaines.
🌎 Distribution du charançon rouge du palmier
Le constat est alarmant. L’expansion du charançon rouge du palmier est fulgurante. En moins de 30 ans, Rhynchophorus ferrugineus s’est propagée un peu partout dans le monde. Il est passé de son lieu de vie d’origine (Inde, Asie du Sud Est) pour s’étendre un peu partout dans le monde, d’abord au Moyen-Orient (Pakistan en 1983, Arabie Saoudite en 1984…) puis en Afrique du Nord (Égypte, Maroc…), aux Iles Canaries et enfin dans une bonne partie du bassin Méditerranéen (Espagne, Italie, Grèce, Turquie, France). En France, c’est d’abord dans le Var (2006) et en Corse qu’il a été observé. Aujourd’hui, une surveillance accrue s’effectue dans les régions PACA, Occitanie et Corse.
L’une des causes principales de la propagation rapide de ce ravageur est la multiplication des échanges commerciaux mondiaux, avec notamment la circulation de palmiers de plantation infectés par le charançon.
🌴 Quelles sont les palmiers ciblés par le charançon rouge ?
Le charançon a la particularité de s’attaquer aux palmiers de la famille des Arécacées.
Il s’est particulièrement fait connaître en faisant d’importants dégâts dans la plantations de cocotiers (Cocos nucifera) et de palmiers dattier (Phoenix dactylifera). C’est en partie pour cela qu’il a rapidement été considéré comme une menace pour l’agriculture, son impact économique étant considérable.
Pour autant, Rhynchophorus ferrugineus fait aussi des ravages sur de nombreuses espèces ornementales dont le palmier des Canaries (Phoenix canariensis), le palmier à bétel (Areca catechu), le palmier de Palmyre (Borassus flabellifer), le palmier bleu du Mexique (Brahea armata), le palmier Butia capitata…
Une détection très difficile
L’une des problématiques majeures du charançon rouge du palmier est qu’il est compliqué de détecter sa présence. En effet, c’est principalement la larve qui sévit. Celle-ci vivant à l’intérieur du palmier, il est très compliqué de l’identifier suffisamment tôt. En effet, il peut s’écouler plusieurs mois voir des années avant d’observer les premiers dégâts sur l’arbre (voir ci-dessous). C’est cette détection tardive qui rend la lutte plus compliquée.
Notons qu’un palmier infesté peut avoir des centaines et des centaines d’individus qui vont causer des dégâts sévères, conduisant parfois à sa mort. Le charançon du palmier quittera le palmier que lorsqu’il n’y trouvera plus assez de nourriture. Les adultes iront alors s’envoler pour trouver des palmiers cibles dans les environs proches.
Symptômes et dégâts
Les attaques des charançons sur pas négligeables. C’est donc la larve, très vorace, qui ronger le palmier de l’intérieur, affaiblissant la plante d’une manière critique au fil des années. Cela peut entraîner jusqu’au dépérissement du palmier. Plusieurs symptômes visibles lui sont imputés et peuvent être le signe de la présence du ravageur :
- Flétrissement, jaunissement ou chute des feuilles
- Déformation de la couronne (feuilles situées au sommet du tronc)
- Écoulement de liquides bruns
- Odeur de pourriture pestilentielle
- Pourrissement de la stipe (tronc du palmier)
- Amoncellement de fibres broyées à la base des palmes
Prévention
La lutte préventive consiste notamment appliquer les bonnes pratiques pour empêcher la venue du charançon. La surveillance des plaies, qu’elles soient accidentelles ou naturelles, est spécialement de rigueur. Après une taille par exemple, il convient d’appliquer un mastic cicatrisant, car ces blessures sont une aubaine pour la femelle du charançon qui pourra y pondre ses œufs.
Méthodes de lutte contre le charançon du palmier
Information importante : Si votre palmier est mort ou qu’il présente une symptômes possibles d’une attaque de charançon, vous avez l’obligation d’alerter votre collectivité (mairie). C’est en effet ce que prévoit la loi par l’arrêté ministériel du 21 juillet 2010 relatif à la lutte contre Rhynchophorus ferrugineus.
La lutte contre ce ravageur n’est pas une mince affaire. Pour faire face à cette situation préoccupante, plusieurs solutions de lutte ont été testées pour se débarrasser du charançon ou contrôler sa population. Voici les principales :
- Piégeage du charançon par phéromones (indispensable pour détecter la présence du charançon)
- Lutte chimique (dont l’endothérapie)
- Lutte biologique à l’aide de parasites (nématodes) et agents pathogènes qui s’attaquent aux œufs des charançons.
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